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NARM : une thérapie du traumatisme du développement

Le Modèle Relationnel NeuroAffectif (NARM) est une approche thérapeutique conçue pour accompagner les personnes ayant vécu des traumatismes liés à l’enfance et au développement. Ces traumatismes, souvent appelés « traumatisme d’attachement », « traumatisme de développement », « trauma complexe » ou « C-PTSD », sont le résultat de négligence, de maltraitance, d’abus, ou d’un manque d’accordage affectif et émotionnel.

Développé par le Docteur Laurence Heller après 45 années de pratique clinique, le NARM explore les schémas inconscients de déconnexion que nous avons dû développer dès l’enfance pour nous adapter à un environnement relationnel inadéquat. Bien que ces stratégies aient été essentielles à notre survie émotionnelle, elles continuent d’impacter notre identité, notre vécu émotionnel, notre physiologie, nos comportements et nos relations. En persistant à l’âge adulte, elles entravent l’accès à une expression pleine, libre et authentique de qui nous sommes réellement.

Le NARM combine différentes approches thérapeutiques, intégrant les théories psychodynamique, cognitive, de l’attachement, la Gestalt-thérapie, la pleine conscience, ainsi que les découvertes récentes en neurosciences axées sur l’expérience somatique.

Les traumatismes du developpement

Chaque être humain naît avec un élan naturel : celui de devenir un adulte libre, autonome, confiant et profondément connecté à lui-même. Mais lorsque l’environnement de l’enfance ne répond pas à ces besoins essentiels — affectifs, émotionnels, relationnels — l’enfant s’adapte en renonçant à des parts de lui-même.

Il le fait en mettant en place des stratégies de survie, appelées modes adaptatifs dans l’approche NARM, qui permettent de maintenir le lien avec ses proches au prix d’une déconnexion de lui même. Peu à peu, l’enfant apprend à se taire, à douter de ses besoins, à croire qu’il est « trop », « pas assez », ou « pas comme il faut ».

Devenu adulte, ces anciens réflexes deviennent des schémas profonds qui limitent la capacité à ressentir, à être en lien, à exprimer pleinement qui l’on est. La thérapie NARM n’a pas pour objectif de forcer le changement. Elle accueille ces mécanismes avec bienveillance et les reconnaît comme des réponses intelligentes à un contexte relationnel passé. Elle s’appuie sur une confiance fondamentale : celle que, lorsque les émotions à l’origine de ces blocages peuvent enfin émerger, être vues et digérées, le mouvement naturel vers la vitalité, la présence et l’authenticité peut retrouver sa place.

Les besoins Fondamentaux et les modes adaptatifs de survie

Dès la naissance, le nourrisson est dans un état de dépendance totale. Il est entièrement vulnérable, et sa survie — tout comme son développement psychique — dépend de la capacité des adultes à répondre de façon ajustée à ses besoins.

Ces besoins évoluent avec chaque étape du développement. La manière dont l’environnement y répond façonne la construction corporelle, émotionnelle et relationnelle de l’enfant.

L’approche NARM identifie cinq grandes phases du développement. Chacune est marquée par l’émergence de besoins fondamentaux, essentiels pour que l’enfant puisse se développer de manière saine — sur les plans somatique, affectif, relationnel et cognitif.

Lorsque ces besoins sont accueillis et soutenus, l’enfant construit une relation sécurisée à lui-même et aux autres. Il se sent connecté, vivant, sûr de lui et en capacité d’authenticité. Mais si ces étapes sont perturbées, l’enfant met en place des stratégies de survie pour maintenir le lien d’attachement. Ces adaptations lui permettent de traverser la douleur de la déconnexion, mais peuvent altérer durablement son rapport à son corps, à ses émotions, à ses limites et à l’intimité.

Ce sont ces mécanismes de survie, profondément ancrés, que le NARM identifie et accompagne pour permettre un retour à la spontanéité, à la présence, et à l’authenticité du soi.

BesoinAdaptation de survieStratégie de protection du lien d'attachementPar la suite difficultés de base
ConnexionRefoulement du désir de se connecter. Déconnexion du corps et du processus d'engagement social.Les enfants renoncent au sens même de leur existence. Ils se déconnectent et tentent de devenir invisibles.Déconnexion du moi physique et émotionnel. Difficulté à entrer en relation.
Accordage (ou Syntonie)Refoulement de la prise en compte et de l'expression des besoins personnels.Les enfants renonces à leurs propres besoins et se centrent sur les besoins des autres, principalement ceux de leurs parents.Difficulté à identifier nos besoins. Sentiments que nos besoins ne méritent pas d'être satisfait.
ConfianceRefoulement du besoin de faire confiance et d'établir une saine interdépendance.Les enfants renoncent à être eux-mêmes afin d'être ceux que leurs parents veulent qu'ils soient : leur meilleur ami, une vedette sportive, un confident, etc.Sentiment qu'on ne peut compter sur personne d'autre que nous même. Sentiment qu'il importe de toujours contrôler.
AutonomieRefoulement de son expression authentique pour répondre aux attentes supposées d'autrui.Les enfants renoncent à exprimer de façon directe leur indépendance afin de ne pas se sentir abandonnés ou broyés.Sentiment d'être écrasé et sous pression. Difficulté à mettre des limites et à dire non ouvertement.
Amour & SexualitéRefoulement de la connexion aux sentiments d'affection & d'amour. Refoulement de la sexualité. Refoulement de l'intégration de l'amour avec la sexualité.Les enfants tentent d'éviter le rejet en cherchant la "perfection" dans l'espoir d'obtenir l'amour grâce à leur apparence extérieure ou leurs réussites.Difficulté à intégrer amour et sexualité. Estime de soi basée sur l'apparence extérieure et la réussite.

Connexion : pré-natal – 6 premiers mois de vie

Capacité à se sentir appartenir au monde, être en contact avec son corps et ses émotions, et capable de connexion avec les autres.

Le nourrisson a besoin de sentir qu’il est bienvenu, accueilli et en sécurité dans le lien. Quand ce besoin est compromis, le monde est perçu comme menaçant ou froid, et l’enfant se coupe de lui-même pour se protéger. Cela peut aussi être lié à un choc prénatal ou périnatal (accouchement difficile, interventions médicales précoces), un stress aigu chez la mère pendant la grossesse, ou un trauma transgénérationnel.

L’adulte en gardera une difficulté à être en lien, à ressentir son corps ou à se sentir vivant.

Accordage (ou Syntonie) : 6 mois – 2 ans

La capacité à reconnaître ses propres besoins, à les rechercher et à recevoir ce dont on a besoin.

À cette étape, l’enfant est encore totalement dépendant. Il se régule à travers le regard réconfortant, le contact peau à peau, l’allaitement, le toucher, la voix, le portage. Il a besoin que ses signaux soient perçus, compris, validés, reflétés, et qu’une réponse juste y soit apportée.

Quand cet accordage est absent ou incohérent, l’enfant apprend à inhiber ses besoins, à se suradapter, ou à croire qu’il n’a pas le droit de recevoir.

Confiance : 2 ans – 4 ans

Ce mode de survie émerge lorsque le besoin naturel de dépendance et d’attachement est trahi, manipulé ou utilisé par les parents.

L’enfant sent qu’il ne peut faire confiance à l’adulte que s’il renonce à lui-même. Il apprend que pour être aimé, il doit répondre aux attentes, combler les manques, ou satisfaire les ambitions de ses parents. Son ego est valorisé non pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il fait.

Cela crée un terrain de méfiance relationnelle, de perte de repères internes, et une tendance à se suradapter en contrôlant ou en se surinvestissant.

La capacité à avoir confiance en soi et envers les autres, se sentir suffisamment en sécurité pour l’interdépendance est compromise.

Mécanisme de compensation : le contrôle.

Autonomie : 2 – 4 ans

À cette période — souvent appelée « l’âge du non » — l’enfant développe sa volonté propre et son besoin de faire les choses par lui-même.

Des parents en syntonie vont encourager cette autonomie naissante avec bienveillance. Mais des parents anxieux, envahissants peuvent vivre cette affirmation comme un rejet, un abandon, ou une perte de contrôle.

Certains vont alors freiner le développement de l’autonomie par des attitudes intrusives, autoritaristes, ou en utilisant la honte, la culpabilité voire la force pour les contraindre à l’obéissance.

Ce qui se compromet ici, c’est la capacité à dire non, à poser des limites et à exprimer sa volonté sans craindre de perdre le lien. Peur d’être abandonné, humilié

Amour-Sexualité : 4 – 15 ans.

À cet âge, l’enfant explore la tendresse, la sensualité, l’expression de l’amour — et commence à sentir les prémices de son éveil sexuel.

Ce développement peut être compromis quand les parents rejettent ou punissent la curiosité naturelle de l’enfant autour du corps et de la sexualité, ils réagissent avec gêne, honte ou colère face aux signes corporels du passage de l’enfance à l’adolescence, les émissions nocturnes, la masturbation ou l’intérêt pour l’autre sexe deviennent des sujets tabous ou stigmatisés, ou que l’environnement familial est rigide, froid, peu démonstratif, avec une affection conditionnée à la réussite ou à l’apparence.

Dans ces contextes, l’enfant apprend à cliver amour et sexualité, à se détacher de son plaisir ou à se suradapter par la séduction ou la retenue.

Ce qui est compromis, c’est la capacité à garder le cœur ouvert, à intégrer une relation aimante avec une sexualité saine.

Le cœur du processus thérapeutique en NARM

Le NARM ne cherche pas à revisiter sans fin les histoires du passé. Il s’intéresse avant tout à ce qui se rejoue dans l’instant présent : la façon dont vous vous reliez, ressentez, vous déconnectez ou vous adaptez encore aujourd’hui. Les stratégies de survie mises en place dans l’enfance ont laissé une empreinte. Elles façonnent encore, bien malgré vous, votre rapport à vous-même, aux autres, au corps, aux émotions.

Au cœur de ce processus, le NARM s’appuie sur la conscience de ce qui se passe en soi, ici et maintenant. L’exploration passe par les pensées, les émotions et les sensations corporelles, et permet de prendre conscience à la fois de ce que l’on vit dans le corps et des vieux schémas relationnels qui continuent d’agir en arrière-plan. En apprenant à remarquer ce qui vous connecte ou vous coupe de vous-même, ce qui vous apaise ou vous agite dans l’instant, vous reprenez contact avec une forme de pouvoir intérieur. Vous cessez peu à peu de vous sentir enfermé dans des réactions héritées du passé et commencez à sentir que vous avez le choix, ici et maintenant.

C’est là qu’intervient un principe clé du NARM : l’achèvement émotionnel. Il ne s’agit pas de revivre le passé, mais de permettre aux émotions refoulées – celles que vous avez dû étouffer pour vous adapter – de se libérer. Ces émotions, figées par les stratégies de survie mise en place, portent une charge vitale intense. Lorsqu’elles sont accueillies avec sécurité, cela permet une expérience correctrice et nous reconnecte à leur véritable rôle : celui de boussole intérieure. En les écoutant, nous renforçons notre capacité à réguler notre système nerveux et à réagir avec fluidité à ce qui se passe dans le moment. Cette remise en mouvement là où il y avait du figement est la retrouvaille de notre élan vital.

Il s’agit de restaurer votre capacité à vous réguler, à poser des limites, à ressentir et à faire des choix. Peu à peu, vous vous réappropriez votre élan, votre axe, votre spontanéité. En résumé, vous cessez de simplement survivre pour enfin commencer à vivre.

Bienvenue sur cet espace d’écriture et de partage. Je suis Amaël, thérapeute spécialisé dans le psycho-traumatisme et coach de vie.

À travers ces articles, je vous invite à plonger dans des sujets qui me tiennent à cœur et qui touchent à l’épanouissement personnel, au bien-être émotionnel et à la croissance intérieure.

Je propose aussi des consultations au Pays Basque ou en visio.

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Portrait Amaël

Bonjour, je suis Amaël

Thérapeute spécialisé dans le psycho-traumatisme et coach de vie. Je suis formé à la psycho-traumatologie, à la thérapie psycho-corporelle et notamment à la Somatic Experiencing®, à l’EMDR et à l’IFS.

Passionné par la psychologie et les dynamiques sociales, le travail de guérison de mes propres blessures m’ont donné envie de partager mon expérience et me rendre utile au monde. Faisant l’expérience de ma propre évolution, j’ai souhaité changer de profession et incarner ce qui avait pris de l’importance pour moi : le travail sur les ombres et les lumières de l’être humain.

Je propose des consultations au Pays Basque : Biarritz, Bayonne, Jatxou (proche Ustaritz) et en visio. Vous pouvez programmer une séance découverte gratuite avec moi pour faire connaissance et pour échanger sur la manière dont je peux vous accompagner. Cette conversation vous est offerte et ne vous engage à rien, vous pourrez en profiter pour poser toutes les questions que vous voulez !

Amaël Vandoorselaere
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