L’Internal Family Systems (IFS), pour Système Familial Intérieur, est une méthode novatrice dans le domaine de la thérapie. Créée par le psychothérapeute Richard Schwartz, cette approche est né de l’observation clinique et du mélange de deux courants thérapeutiques distincts :
- La multiplicité du psychisme : nous sommes tous constitués de plusieurs « parties ». Chaque partie de moi possède sa propre identité et joue un rôle spécifique dans mon système. Cette notion se retrouve déjà dans l’analyse transactionnelle et la thérapie des états du moi, entre autres.
- La thérapie systémique : une approche psychothérapeutique qui considère les problèmes individuels comme liés aux interactions et dynamiques au sein d’un système social, comme la famille ou le couple.
L’IFS considère que nous sommes composés de parties, et que ces parties sont organisées de manière similaire à une famille. Elles entretiennent entre elles des relations, des conflits, des alliances, se protègent, se soutiennent ou s’ignorent. Les parties ont des niveaux de maturité, de sensibilité et d’autonomie variés.
L’IFS est répertorié par le Registre National des Programmes et Pratiques Basés sur des Preuves (NREPP), géré par l’Administration des Services de Santé Mentale et de Toxicomanie (SAMHSA) des États-Unis. Les méthodes qui y figurent ont été rigoureusement évaluées et montrent un impact positif sur la santé mentale.
Fondements de l’Internal Family Systems (IFS)
Différentes parties de nous-mêmes se forment en réponse aux expériences de vie, notamment aux moments de stress, de traumatisme ou de conflit, afin de maintenir l’ensemble du système fonctionnel.
Parmi celles-ci, on trouve les parties exilées, qui renferment des émotions et des sensations trop intenses pour être pleinement vécues et intégrées à notre conscience. Ces fragments de notre être portent les cicatrices des moments où nous avons été incapables de gérer ou d’assimiler ce que nous ressentions.
Pour éviter que ces parties exilées ne s’activent et submergent à nouveau le système, des parties protectrices se développent. Par exemple, une partie de nous peut adopter une attitude critique pour anticiper et éviter les critiques externes, protégeant ainsi une autre partie plus vulnérable qui craint de ne pas être aimée.
Il existe trois types de parties :
- Les exilés : ce sont des parties vulnérables, fragilisées par des événements difficiles. En raison des émotions douloureuses qu’ils portent, ils sont mis à l’écart du système. Ils subissent une double blessure : le traumatisme, mais aussi le rejet des autres parties. Les exilés sont souvent accablés par des sentiments de honte, de culpabilité et la conviction de ne pas mériter l’amour.
- Les managers : Ce sont des parties qui anticipent les événements pour protéger le système en évitant l’activation des exilés et la résurgence de leur douleur. Parmi eux, on peut par exemple trouver des parties qui jugent, qui organisent, qui contrôlent, qui s’inquiète, ou qui sont pessimiste.
- Les pompiers : Ces parties interviennent lorsque, malgré les efforts des managers, les exilés sont activés et menacent de submerger le système. Ils prennent alors le relais pour éteindre le feu des émotions, des images ou des sensations pénibles. Ces comportements sont souvent impulsifs, irrationnels et irrépressibles, entraînant une perte de contrôle pour la personne. Par exemple, des accès de colère ou d’apathie, des crises boulimiques, l’abus de drogues ou d’alcool. Un pompier peut également utiliser la stratégie de couper ou d’anesthésier les sensations corporelles et les émotions pour apaiser le système.
Au cœur de cette approche : le Self
Au cœur de cette approche, est le principe que chacun de nous possède un espace de calme intérieur appelé le Self. Le Self n’est pas une part de nous, il n’a pas d’intentions; il est simplement le contenant et la source de notre être, similaire au concept de « soi » chez Carl Jung. Le Self incarne des qualités telles que le courage, la confiance, la créativité, la curiosité, le calme, la compassion, la connexion et la clarté.
C’est depuis cet espace de paix intérieur que nous allons travailler à accueillir les différentes parties protectrice et vulnérable : sensations corporelles, émotions, pensées. L’objectif principal de l’IFS est de faciliter un dialogue respectueux et curieux entre les différentes parties de soi-même, sous la guidance du Self.
Processus de Guérison et d’Intégration
La première étape consiste généralement à aider la personne accompagnée à se reconnecter à son espace intérieur, le Self. Cela n’est parfois pas immédiatement possible lorsque les émotions la submerge, et c’est alors le Self du thérapeute qui facilite la communication avec les différentes parties pour les apaiser. Lorsque le Self de la personne accompagnée émerge, nous pouvons commencer à travailler avec lui et les différentes parties protectrices présentes.
Ces parties protectrices se sont formées à des moments où le système n’avait pas les ressources nécessaires pour se défendre, pour lui permettre de tenir. Leur intention est donc toujours positive, mais leurs stratégies ne sont parfois plus adaptées au fonctionnement dans le moment présent.
En leur montrant avec douceur que ces ressources sont maintenant disponibles, les parties protectrices vont progressivement permettre l’accès aux parties vulnérables et leur permettre de libérer leurs fardeaux, constitués de croyances, pensées et émotions désagréables liées à des expériences passées. Une fois la partie vulnérable libérée, les parties protectrices, qui avaient pour mission de la protéger peuvent alors se transformer et intégrer de nouvelles qualités comme la confiance et la créativité, contribuant ainsi à un équilibre plus harmonieux dans notre vie.
Grâce à cette approche, nous améliorons notre capacité à accueillir avec curiosité et bienveillance ce qui se passe en nous, y compris nos conflits intérieurs et nos réactions face aux autres et à la vie. C’est de cette acceptation bienveillante, et de la libération des fardeaux portés par les différentes parties, que naît le changement : il s’agit non seulement d’un modèle thérapeutique, mais aussi d’une méthode et d’un art de vivre.